Ce manuscrit de La Cité de Dieu de saint Augustin, conservé à Mâcon, réalisé vers 1480, est constitué de deux volumes. Bien qu'initialement conçu selon les schémas iconographiques du groupe de Maître François, le projet a été profondément transformé par un esprit inventif qui a révolutionné la mise en page traditionnelle.
Le manuscrit présente la version française du célèbre texte de saint Augustin, que réalisa Raoul de Presles, théologien, juriste, écrivain, traducteur au XIVe siècle.
L'innovation principale du manuscrit de Mâcon, réside dans l'extension des miniatures sur la page entière, englobant le texte dans une fenêtre réservée, remplaçant ainsi les bordures florales habituelles. Cette nouvelle conception a principalement été exécutée par un enlumineur médiocre de l'entourage de Maître François, tandis que le Maître de Coëtivy s'est chargé des deux pages d'ouverture des volumes.
Le frontispice du premier volume (folio 2) en est l'exemple le plus remarquable : au lieu de la représentation classique de Raoul de Presles offrant sa traduction à Charles V, l'artiste a créé une composition novatrice combinant la scène de dédicace avec l'histoire de Clovis et des fleurs de lis. Cette page témoigne de la maîtrise d'un artiste expert en compositions complexes.
La composition imbrique ingénieusement plusieurs épisodes racontant l'origine céleste des fleurs de lis et de l'oriflamme royale, avec une perspective atmosphérique remarquable et un agencement spatial aéré. Cette page unique réunit pour la première fois tous les éléments du légendaire monarchique français.
Le contexte de création semble lié à l'entourage de Louis XI comme en témoigne l'accent mis sur Charlemagne. Ce manuscrit illustre le statut de prééminence du Maître de Coëtivy en fin de carrière, sollicité pour apporter sa "touche" prestigieuse à des ouvrages exécutés par d'autres artistes.